Reportage

Les Petites Cantines : Petites mais costaudes

Retrouver du lien social dans son quartier grâce à un restaurant ultra participatif et à prix libre ? La solidarité et la fraternité passent par l’assiette avec « Les Petites Cantines ».

PARTAGEZ

Un resto, bon, cool, beau, avec des produits de qualité et une belle ambiance, avec des rires et des palais satisfaits. Un lieu associatif. Ici, on adhère avant de manger et le repas ainsi que l'adhésion sont à prix libre. Oui ça existe, ça s'appelle Les Petites Cantines. La première a été crée en 2015 à Lyon, avec une idée simple : Le repas, c'est ce qui rassemble le plus facilement les gens. Depuis, le projet a grandi et essaime dans toute la France. Un lieu participatif, qui fait vivre un quartier, vive les petites cantoche !

Le repas à prix libre, c’est un principe, mais pas le nerf de la guerre. Vous l’aurez compris, le but premier de la cantine n’est pas de gagner de l’argent, mais pas non plus de devenir une sorte de resto pop’ pour les plus démunis. Même s’ils peuvent venir comme tout le monde bien sûr. Le but, c’ est de créer du mélange, du frottement. Tout le monde peut venir manger et participer, car oui, le point important est là. Les petites cantines, c’est pas juste pour manger, profiter des menus goûtus proposés par un cuistot.

Dans les villes, beaucoup de gens sont seuls. Ce qu’on veut c’est les inclure dans un projet, qu’ils se sentent chez eux, qu’ils se sentent appartenir à une communauté

Les petites cantines font salle comble !

Manon Charon

Chef, Oui Chef !

Le cuistot, ça peut être n’importe qui. Le plongeur et le serveur aussi d’ailleurs. Tout est participatif. L’idée c’est de rassembler, de créer ensemble. Pendant les 5 ou 6 créneaux ouverts au public par semaine, tout le monde peut venir cuisiner, dresser la table, faire la vaisselle avec les autres : « Les salariés du lieu (en général 2 personnes) sont là pour accompagner, expliquer, apprendre, coordonner… Mais ce sont les adhérents qui font, ensemble. On n’est pas là juste pour consommer. » nous explique Océane Roxo, chargée des partenariats du réseau des petites cantines à Lyon, rencontrée pendant VYV festival où elle était présente pour expliquer le projet par le menu. Certains adhérents viennent seulement pour manger bien sûr, mais beaucoup viennent pour filer un coup de main, discuter, et faire ensemble. D’ailleurs dans le restaurant, la cuisine est toujours ouverte sur la salle car le but ultime des petites cantines, c’est de créer du lien social.

Les adhérents / cuistots du jour cuisinent ensemble pour le plaisir de tous

Julien Rouche

Tisser du lien

« Dans les villes, beaucoup de gens sont seuls. Ce qu’on veut c’est les inclure dans un projet, qu’ils se sentent chez eux, qu’ils se sentent appartenir à une communauté. En adhérant, déjà, et en construisant la dynamique et les activités du lieu ensuite. On n’est pas là pour ramener du client en masse, même si c’est bien d’avoir du monde à table. On est là pour créer du lien, une communauté. » C’est ça le concept défendu par Océane et les Petites Cantines. Parfois, ça nécessite de bosser avec les travailleurs sociaux du quartier, qui ont identifié des personnes très isolées et qu’ils peuvent orienter vers la petite cantine du coin. Pour que, petit à petit, ils se réhabituent à fréquenter du monde, à avoir des rapports sociaux, et se réintégrer à leur vie de quartier. Mais attention, Océane nous le précise « On n’est pas dans une relation aidant/aidé. On veut casser ce schéma ». Aux petites cantines, tout le monde est à égalité : On fait ensemble, on se rend utile, quel que soit son vécu. Une situation qui valorise les convives/adhérents, qui brise la solitude, qui redonne confiance à des gens qui l’avaient perdue, et qui fait des petits à travers toute la France. En effet, depuis 8 ans, le réseau des cantines de quartier grandit. Déjà 6 dans toute la France, et une dizaine en gestation.

Un lieu intergénérationnel ouvert sur les autres, c’est la promesse culinaire des Petites Cantines

DR

Qu’est-ce qu’on attend ?

N’importe qui peut monter sa petite cantine. La seule obligation ? Installer sa petite cantine dans un quartier où il y a de la mixité sociale, ou alors en lisière de quartier pour inciter à la mixité. Le lieu doit être avant tout un lieu de rencontres, de diversité. Les porteurs de projet sont accompagnés par le réseau. Le projet se mijote pendant des mois. La difficulté se trouve dans le fait de trouver des financeurs locaux pour acquérir un local et pouvoir payer d’éventuels travaux. Ensuite, la petite cantine est censée atteindre une autonomie financière de roulement grâce au prix libre des repas.

Pendant la période d’incubation, le porteur de projet en local essaie de créer une émulation dans le quartier pour que le public s’empare du lieu dès l’ouverture. On monte des évènements, des cantines éphémères, on organise des goûters… pendant lesquels on annonce aux voisins, aux habitants, qu’un lieu pas comme les autres va ouvrir et que tout le monde est le bienvenu. On chauffe les gens, quoi, on mobilise, on « tease », comme on dit dans le milieu du cinéma.

Alors si vous voulez ouvrir une petite cantine à Dijon, Besançon ou Chalon, le réseau vous attend…

Texte : Antoine Gauthier // Photos : Thomas Lamy, Manon Charo

D’AUTRES ARTICLES À DÉCOUVRIR

6994